Ne serait-ce pas aujourd’hui un moyen de le porter ailleurs ou autrement ?

Fin avril 2022 des étudiants d’Agro Paris Tech ont appelé les jeunes et futurs ingénieurs diplômés à « déserter » les emplois « destructeurs » dans l’agro-industrie. Nommés de facto « déserteurs », ils posent les bases d’une vraie réflexion sociologique. Et même si elle a pu être classée par certains -un peu rapidement- dans la case « critique », cela ne rend pas justice à la complexité du discours prononcé.

Les « déserteurs » d’AgroParisTech ne sont pas un cas isolé, puisque d’autres nouveaux diplômés de grandes écoles avaient ouvert la voie concomitamment : Centrale Nantes, l’ENSAIA, HEC, l’ENSAT, Polytechnique, Mines Paris et l’ESSEC.

S’attacher à questionner ce qu’ils dénoncent, fuient, ou expriment tout simplement, c’est tenter de comprendre des mécanismes qui dépassent largement aujourd’hui les bancs de -certaines- grandes écoles. Puisqu’on retrouve cette taxonomie de discours et de sensibilités, auprès de nombre d’ingénieurs, experts techniques, et scientifiques « fidèles au postes », eux.

Le désamour -doux euphémisme- quant aux sciences et techniques, accentué post-COVID, commence à avoir raison des ingénieurs et scientifiques les plus endurcis, quant au rôle qu’ils ont à jouer, à la posture à tenir, à la responsabilité à endosser, dans la société.

La question est : faut-il s’engager, bifurquer ou déserter ?
Mais elle est à la fois trop vaste et trop simpliste.
Et surtout, elle apporte peu de réconfort à ceux qui sont en proie à ces problématiques à titre personnel.

La réponse se trouve plutôt dans la vision de l’ingénieur et du scientifique « de demain ». Le choix qui se pose actuellement oscille entre une figure moderniste conservatrice qui contrôle qui conçoit des solutions et qui évacue toute forme de sentiment, ou une figure écologiste novatrice, qui est à l’écoute, doute, prend soin et qui explicite ses sentiments et attachements.

Et interroge ce qu’elle engendre, ou pourrait engendrer. Ce qui est toujours mieux qu’a posteriori (spéciales dédicaces à Geoffrey Hinton ou Robert Oppenheimer pour ne citer qu’eux).

Dans le monde « civil », la désertion n’existe pas.

Certains fuient leurs responsabilités, ça les regarde.

D’autres, de plus en plus nombreux, questionnent les finalités de leurs actes dans leur vie professionnelle. Et engagent certains combats, pour être en paix. Avec leur conscience certes, mais ce n’est déjà pas si mal, non ?  🤷‍♀